Pourquoi déguster un vin ?

Pourquoi déguster un vin ? Je m’interroge souvent sur l’intérêt de savoir décrire dans les moindres détails un vin. Il est évident que cela exige un sérieux travail mais cela peut-il couper du plaisir de simplement boire du vin ? J’essaye de faire le tour de la question avec Agathe et Eric de la cave Millésimes et saveurs à Reims autour de 2 vins que j’ai amenés. Eric a été élu deuxième meilleur caviste de France en 2018.Pourquoi avoir préparé le concours de meilleur caviste de France ?
« En 2014, je souhaitais savoir où j’en étais en tant que dégustateur, il était question de se jauger mais aussi de compétition. J’ai appris en tant qu’autodidacte. Arrivé en 16ème de finale en 2014, je me suis pris au jeu. J’ai ainsi mieux préparé ma participation en 2016, mon objectif était d’arriver en finale, j’ai alors fini 3ème. Je dégustais alors déjà beaucoup à la boutique pour m’entraîner. En 2017, j’ai préparé le Wset3 pour améliorer mes connaissances des vins étrangers. En 2018, Agathe a eu un rôle de coach déterminant, elle a acheté du vin chez les cavistes, en grande distribution, chez Métro, ce n’était pas toujours bon mais toujours instructif. Le rythme était alors soutenu, 3 à 4 dégustations de 6 vins et/ou spiritueux par semaine. »

En quoi consiste le concours de meilleur caviste de France ?
« Les qualifications ont lieu en ligne à partir de questions. Une fois passée cette épreuve, on se retouve à 40 personnes dans un même lieu et à nouveau, on nous pose des questions sur le vin puis on participe à une dégustation à l’aveugle.
En finale, nous ne sommes plus que 8, il faut alors répondre à des questions toujours plus difficiles, effectuer une dégustation à l’aveugle et savoir évoquer un vin pendant 5 minutes. La dernière épreuve consiste à élaborer un menu à partir de vins »

Quelles sont les retombées pour la boutique d’un tel concours ?
Elles sont très positives, en terme d’image particulièrement.

La dégustation peut-il éloigner du plaisir ?
« Certains apprentissages sont très techniques tels que le Wset3, on apprend à déguster un vin selon une grille de lecture, très théorique. Il faut savoir s’en affranchir pour pouvoir retrouver le plaisr et se laisser aller. Notre nez n’est pas habitué à mémoriser les odeurs, il faut donc travailler cette mémoire, mais il y a aussi un certain plaisir à pouvoir retrouver les odeurs dégagées par un vin. »

Pourquoi décrire un vin ?
« Les mots ont une force et la dégustation peut apporter de la poésie en fonction des émotions apportées par le vin. En tant que professionnel, il est aussi important de savoir décrire un vin pour rechercher la qualité, s’interroger sur le fait qu’il va plaire aux clients et savoir leur en parler, évoquer notamment les accords mets/vin possibles, le terroir du vin.

Que pensez-vous de ces vins ?
Türk : « Ce vin est élaboré à partir du Grüner Veltliner, il développe beaucoup d’agrumes avec entre autres un côté pamplemousse, des notes de bourgeon de cassis et de tilleul. Il possède une belle robe or, de la fraîcheur un léger gras. La longueur est moyenne. Ce vin est assez complet et agréable à boire. Agathe ajoute que le vin a un côté caillou évident, on pourrait penser à un sauvignon.

Vacceli Unu Blanc : « Ce vin possède une belle robe limpide dorée qui tire sur le vert, un gros fruit autour des agrumes et plus particulièrement le citron, une attaque fraîche, une intense minéralité, il est équilibré et harmonieux. Il ne titre que 12,5°, on peut en effet faire en Corse des vins frais peu alcooleux. Ce vin raconte son terroir, il possède une identité propre. Si le premier vin était agréable, on passe un cap avec ce dernier. »
Agathe : « A l’ouverture, un côté hydrocarbure m’apparaît puis le côté minéral prend le dessus, on tape littéralement le sol avec ce vin. Le plaisir est évident, il offre une grande persistance avec une finale sapide. Tout en sachant que la sapidité vaut elle bien aussi un article !

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